Les évènements de ces dernières semaines : les terribles catastrophes au Japon, la guerre sous supervision militaire et politique de l'OTAN en Libye et les élections cantonales en France ont quelque peu éclipsé les décisions que viennent de prendre récemment les ches d 'Etat et de gouvernement de l'Union européenne (UE), sous l'appellation de "Pacte pour l'euro".
En effet, après le passage en force du traité de Lisbonne malgré le "non" français, néerlandais et irlandais, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel, pacsés pour l'euro-austérité, à la suite du Conseil européen du 11 mars, ont scellé un pacte qui prône ni plus ni moins, que "l'assistance financière sera subordonnée à une stricte conditionnalité, dans le cadre d'un programme d'ajustement macroéconomique".
Autrement dit des plans d'ajustement structurels, comme pour les pays en voie de développement, "sous les auspices du FMI et de la Commission de Bruxelles". Ainsi, la pression à la baisse sur les rémunérations du travail se fera à l'intérieur de l'UE vers le moins-disant social, mais aussi dans la compétition avec les salariés du Brésil, de la Chine ou de la Corée du Sud. Il est demandé aux gouvernements de presser les salaires dans le public pour aider le privé à extorquer plus de valeur issue du travail. Plus encore, l'impôt sur les sociétés serait harmonisé vers le bas. Le taux d'imposotion sur les sociétés est de 34% en France, de 29,8% en Allemagne. Le taux moyen européen est de 25,7%. De quoi faire jubiler les entreprises françaises du CAC40 qui ont engrangé quelque 84 milliards d'euro de profit pour la seule année 2010, soit 89% de hausse par rapport à 2009.
Quand on pense que le gouvernement Sarkozy comme la Commission européenne culpabilisent les citoyens avec les déficits publics alors que l'alignement sur la fiscalité allemande conduit à abaisser l'impôt sur les grandes fortunes (ISF), déjà de 2 milliards pour l'année à venir, puis de 4,5 milliards, avec une baisse de l'impôt sur les sociétés de 2 milliards, soit l'équivalent de deux fois le budget de la Santé.
"Le pacte pour l'euro" porte bien son nom parce qu'il est un pacte avec et pour l'argent contre le social, contre le travail. C'est aussi avec cet objectif que Nicolas Sarkozy s'efforce de modifier la Constitution pour y inclure notamment l'interdiction des déficits publics, la réduction de l'ISF, le recul de l'âge de la retraite à 67 ans, le refus de toute augmentation de salaire, l'ouverture du risque de la dépendance aux assureurs privés, une inique contre-réforme des collectivités territoriales... Ainsi, c'est l'idée européenne au sens de la communauté européenne et de l'Europe elle-même qui est désormais en cause avec ces projets. Il y a vraiment urgence à parer à des secousses de magnitude élevée.
Auguste BECHLER