Pendant plus d’une semaine, la couverture médiatique a privilégié le cas DSK, refoulant dans l’ombre tout autre sujet d’actualité.
En attendant ce que l’enquête révèlera, une mise en garde s’impose : l’affaire DSK ne doit pas envahir – ce serait le pervertir – le débat politique. Une affaire de droit commun, quel qu’en soit l’auteur, ne doit pas être transformée en affaire politique. En l’occurrence, il ne s’agit pas de fournir à la droite sarkosyste l’occasion rêvée de faire oublier le bilan de son champion.
Et ne nous laissons pas abuser par le propos prêté à l’hôte de l’Elysée – « la gauche a perdu la bataille de la morale ». C’est tout à fait irrecevable, car les turpitudes supposées d’un homme sur le plan privé ne sauraient jeter l’opprobre sur le courant d’idées auquel il se raccroche, ni effacer, comme un coup de chiffon sur une ardoise, un comportement et une pratique politiques qui font font apparaître un chef d’Etat comme le président des riches.
Toutefois, une leçon s’impose à cette partie-là de la gauche.
A privilégier le casting au détriment du projet, le PS court le risque de déconvenues et d’accidents de parcours. La question est de savoir s’il saura tirer un enseignement de l’épreuve et inverser les priorités. Encore faudrait-il que la précampagne ne se réduise pas à une compétition entre la première secrétaire et l’ex-premier secrétaire, qui occuperait subitement l’espace laissé par DSK, si l’objectif premier consiste à disputer à Jean Louis Borloo l’électorat du centre. Et le satisfecit adressé par Martine Aubry à la candidature de Christine Lagarde, figure emblématique du libéralisme et de la droite sarkosyste à la direction du FMI, ne peut malheureusement que nourrir les interrogations sur la volonté du PS de se recentrer à gauche. L’enjeu consiste à se battre avec le Front de gauche pour une alternative qui réponde aux attentes de ceux qui ont tant souffert depuis 2007. Ils sont des millions. Ils sont la majorité.
Auguste Bechler