A l'heure qu'il est, nous ne savons pas encore quel sort le nouveau GM, dont l'Etat fédéral américain détient 60% des parts, réservera aux salariés de l'usine de Strasbourg qui, sous pression et la peur du chômage au ventre, ont dit oui, à plus de 70%, au chantage à la reprise.
En effet, les conditions c'est : gel des salaires en 2010 et 2011, suppression de l'intéressement jusqu'en 2013, perte de 6 jours de RTT. On comprend que la CGT se soit opposée à ce chantage. On a déjà fait le coup à d'autres salariés, notamment à ceux de Continental Clairvoix, priés de repasser de 35 à 40 heures sans hausse de salaire, fin 2007 : leur usine avait fermé dix-huit mois plus tard. Selon la direction de GM Strasbourg, c'est à ce prix que le site peut espérer demeurer compétitif.
Nous y voilà. Par abus de langage le terme désigne pour le monde patronal ou les médias dominants, la recherche de baisse des coûts salariaux et sociaux à tout prix. Avec la concurrence "libre et non faussée", l'élimination de l'autre est recherchée, c'est ce que les américains appellent a throat cutting competition (la concurrence coupe-gorge). Ainsi, est occultée l'énormité des coûts du capital, c'est à dire un type de compétivité obsédé par la baisse des dépenses salariales, de formation, sociales et publiques pour soutenir le taux de profit (profit/capital). Or, avec la crise systémique, on voit tous les autres coûts augmenter (amortissements, charges financières aux banques, dividentes, gâchis de capital, rachat d'ntreprises, etc...).
En outre, cette recherche de compétitivité se fait très largement à crédit et avec un endettement accéléré (en France, d'après les Comptes de la Nation, le stock de capital financier détenu par les entreprises non financières a été multiplié par 20 entre 1978 et 2008). Les luttes sociales montrent que la baisse des coûts salariaux et sociaux déprime la demande, la consommation et fragilise aussi l'offre. Les exigences de la "révolution informationnelle" nécessitent, au contraire, de réorienter les gestions et l'action économique sur d'autres critères positifs de gestion d'efficacité sociale, tout particulièrement : la croissance du rapport d'efficacité (valeur ajoutée/capital matériel et financier) au lieu de la rentabilité (profit/capital).
Ainsi, les salariés de GM Strasbourg et bien d'autres se trouvent-ils confrontés à d'autres choix : ou continuer de subir l'exploitation ou s'engager dans une démarche de véritable sécurisation de l'emploi et de la formation signifiant la sortie progressive du marché du travail par son dépassement.
Auguste Bechler
