Au Mondial de l’automobile, selon l’article paru dans L’Alsace du 28 septembre, Philippe Varin, président du directoire de PSA, a saisi l’occasion de justifier son plan de «suppression de 8000 emplois en France, dont 3000 liés à la fermeture du site d’Aulnay».
L’argument invoqué par lui repose sur un effondrement du marché européen de l’automobile en 2012 et 2013. Il revendique donc de peser sur l’emploi et le coût du travail pour restaurer les marges du groupe.
Pourtant, si les tensions sur le marché automobile en Europe sont incontestables, la réalité de la situation du groupe PSA et la nature des difficultés auxquelles il est confronté ne permettent pas de justifier ce plan de massacre de l’emploi.
Rappelons que les années 2009 et 2010, ont démontré que le potentiel de vente du groupe avec la baisse des prix unitaires de véhicule (ristourne allant jusqu’à 30%) et donc la hausse du pouvoir d’achat des ménages n’est pas contradictoire avec le développement de l’activité et la réalisation de bénéfices pour l’entreprise. C’est bien la preuve que, loin d’être le résultat d’un coût du travail trop élevé, la contraction des ventes de PSA sur le marché européen est directement consécutive à un manque de pouvoir d’achat des ménages européens.
Or, au lieu de prendre en compte cette réalité, Philippe Varin a choisi une nouvelle orientation stratégique en direction des pays émergents qui s‘est traduite par une double dynamique de délocalisation des sites de production et de maintien des prix unitaires élevés sur les véhicules vendus en Europe, visant à accroître les marges de l’entreprise et maintenir un haut niveau de dividentes. Cette orientation prise sans concertation avec les salariés, s’est soldée par un échec, notamment avec le décrochage des pays émergents et donc un enfoncement du groupe dans les difficultés financières restreignant au moins temporairement sa fenêtre de tir.
La sécurité financière de PSA a reculé de 3,735 milliards d’euros et son taux d’endettement est passé de 9% en 2010 à 23% en 2011. Une fragilisation que les marchés ont immédiatement sanctionnée. Conséquence : la dégradation de ses ratios d’endettement et l’affaiblissement de sa sécurité financière a conduit à la dégradation de sa note et donc au renchérissement de ses emprunts, face à ses concurrents.
Voilà pourquoi la direction du groupe PSA a choisi de restaurer ses marges de manœuvres et inscrit dans sa logique la liquidation du site d’Aulnay, les suppressions de postes des sites de Rennes, de Sevelnord, de Poissy de Poissy et de Mulhouse, voire de Madrid. A elles seules ces suppressions d’emplois devraient rapporter 1 milliard de liquidités supplémentaires.
Mais c’est aussi pour cette raison, avec celle de concurrencer les productions low cost de ses concurrents sans modifier sa gamme de production (PSA ne fait pas de véhicule low cost), qu’il envisage la restructuration de son activité automobile et la remise en caus e des accords salariaux dans le groupe.
Il convient donc rappeler avec force : le moratoire aux licenciements, c’est maintenant ! Et de prendre au pied de la lettre les déclarations du ministre du Redressement productif sur la nécessité d’étudier la mobilisation de fonds publics au service du développement industriel, en l’occurrence de celui de l’industrie française de l’automobile.
Auguste Bechler